L’univers étrange des films de Noël
Il n’y a pas que les bonhommes de neige et le Père Noël
Pourquoi nos films de Noël préférés sont profonds
Chaque pays semble choisir un film particulier pour Noël. Obscurs comme des traditions familiales qui vous accompagnent au fil des années, ces films étranges sont diffusés et regardés chaque année avec une parfaite régularité. Nous pouvons ne pas les aimer, ils peuvent ne pas être très bons, les raisons de leur popularité peuvent être incompréhensibles pour le monde extérieur, mais nous nous attendons à ce qu’ils soient diffusés et nous plaignons amèrement s’ils ne le sont pas. Installez-vous confortablement. Nous allons découvrir certains des films qui rencontrent le succès le plus improbable…
Pas aussi joyeux que vous pouvez l’imaginer
Ces films auxquels nous nous attachons sont indéniablement étranges. Ils racontent une histoire de criminalité infantile dans les bidonvilles de Londres, de ruine financière pendant la Grande Dépression et de dîner où aucun invité n’arrive parce que tous les invités sont morts. À vrai dire, les films que nous choisissons de regarder à Noël sont loin d’être joyeux. Oubliez la bienveillance à l’égard de chacun ; ce sont souvent des films sombres aux situations inconfortables.
Au Royaume-Uni, Oliver ! revient aussi régulièrement que les tartelettes de Noël aux fruits secs. Le scénario de ce film est adapté d’un classique de Dickens et reprend un bon nombre des meilleures chansons de Lionel Bart, mais est-il joyeux pour autant ? Pas du tout, car il raconte une triste histoire d’esclavage d’enfants et de violence domestique. En Amérique du Nord, La vie est belle attire les foules ; il s’agit certes d’une comédie classique de Frank Capra, mais qui tourne autour du suicide imminent de James Stewart.
Le succès de Noël le plus improbable de tous les temps ?
Parmi tous ces films, le film allemand préféré au moment des fêtes Dinner for One est le succès le plus improbable. Ce court-métrage de vingt minutes en noir et blanc et en anglais conçu pour la télévision raconte la soirée d’anniversaire d’une dame de 90 ans ; au cours de cette soirée, son majordome joue les rôles de ses amis décédés depuis longtemps et vide leurs verres à chaque plat jusqu’à l’ivresse complète. Pourtant, dans le Livre Guinness des Records, Dinner for One est cité comme le court-métrage télévisé le plus souvent diffusé, simplement parce que près de la moitié de la population allemande le regarde le 31 décembre. En 2004, un remake a même été nominé pour un prix au festival de la Rose d’Or.
En Russie, vous pouvez faire ce que font les Russes et retrouver le héros Jénia dans L’Ironie du sort ; après une beuverie excessive, Jénia se retrouve perdu à Leningrad, non pas aux côtés de sa fiancée, mais en compagnie d’une femme qu’il pense pouvoir apprécier au fil du temps lorsqu’il a les idées claires. Donc, tout se termine bien.
Le Ciné-panettone ou les comédies italiennes produites pour la période de Noël
Moins porté sur l’alcool, mais représentant tout autant un marché de niche, le Ciné-panettone est uniquement destiné au marché italien. Ces films sont produits en série ; il n’y a pas de film préféré et de nouveaux films sortent chaque année. Le format évolue peu, mais des films tels que « Vacanze di Natale » et « Natale sul Nilo » font partie des films diffusés en Italie au mois de décembre. On raconte même que la sortie des superproductions hollywoodiennes est retardée pour que les Italiens soient sûrs de ne pas manquer leur rendez-vous avec le ciné-panettone.
Tandis qu’en Espagne…
Pour certains, la vie en Espagne au début des années 1960 n’était pas si belle. Dans Plácido, la famille de Plácido est pauvre et vit dans des toilettes publiques ; Plácido doit payer la dette contractée pour son triporteur pour pouvoir le garder. Cette comédie noire qui met l’accent sur l’aspect tragique est devenue incontournable au moment des fêtes en Espagne.
Choix singuliers
Tous ces films peuvent être qualifiés de singuliers pour trouver ainsi un tel écho national, car tel est le cas. Tous sont accueillis avec beaucoup de chaleur et d’affection, car bien que les histoires de fond soient souvent sinistres, ce sont des histoires universelles de rédemption et de triomphe dans l’adversité.
Rassurante et bienveillante, leur familiarité en fait une tradition cinématographique réconfortante que nous nous sentons obligés de transmettre à la génération suivante. Si l’on examine le genre dans son ensemble, il montre que les populations se ressemblent étonnamment lorsqu’il s’agit de choisir des films pour les fêtes ; nous voulons tous une fin heureuse, une joie collective à la fin d’une longue journée de Noël. Peu importe que les films soient étranges ou qu’ils manquent d’un air de fête.
Les grands studios le savent et ils savent que les nouveaux films de Noël ne sont pas simplement en concurrence les uns avec les autres, mais avec le poids de la tradition et l’inertie des déjeuners d’après Noël. Ils aimeraient que le leur soit le nouveau film culturel et qu’il génère un revenu stable pendant des années, mais ils savent aussi que pour nous séduire et nous réconforter, il devra un peu nous glacer le sang.